La Commission d’enquête parlementaire (CEP) publie son rapport vendredi. L’Association suisse des employés de banque attend des explications sur les raisons pour lesquelles les autorités de surveillance ont permis pendant des années au Credit Suisse de travailler avec des fonds propres inférieurs à ceux requis par la réglementation et pourquoi le Conseil fédéral, agissant naïvement, a laissé faire. La Finma et le Conseil fédéral ont permis aux grands banquiers du Credit Suisse de mener la grande banque dans le mur et de menacer ainsi des milliers d’emplois. Même si la responsabilité incombe en fin de compte aux top managers de Credit Suisse, l’échec de la Finma en particulier doit avoir des conséquences personnelles.
La Commission d’enquête parlementaire (CEP) publiera vendredi son rapport très attendu. Son mandat était d' »examiner les responsabilités des autorités et des organes autour de la fusion d’urgence du Crédit Suisse avec UBS ».
Mais retenons tout d’abord que la faillite du Credit Suisse n’est pas due au fait que les autorités de surveillance – la FINMA et la Banque nationale – n’avaient pas suffisamment d’instruments efficaces à leur disposition. Il y a un an déjà, le groupe d’experts « Stabilité bancaire » mis en place par le Conseil fédéral a mis fin au mythe selon lequel le Credit Suisse aurait sombré à cause d’une force de la nature – une ruée imprévisible sur les banques (voir la fiche d’information en annexe). Le Credit Suisse a échoué parce qu’il a pris des risques trop élevés pendant des années et a négligé la gestion des risques. Les organes responsables de la banque ainsi que quelques top managers peu scrupuleux en portent l’entière responsabilité. Et une fois de plus, ce sont les employés qui paient la facture, tandis que les top managers, couverts de bonus, ne sont pas inquiétés et n’ont même pas la décence de s’excuser.
La vice-présidente de l’Association suisse des employés de banque, Natalia Ferrara, déclare à ce sujet : « En tant que procureure, j’ai arrêté des banquiers pour blanchiment d’argent. Conduire une grande banque en plein dans le mur en toute connaissance de cause, mettre en danger des dizaines de milliers d’emplois et accepter des conséquences économiques majeures, ce n’est pas une peccadille, c’est quelque chose qui peut tout simplement être considéré comme criminel. »
Les autorités ont échoué – démission exigée
Le rapport de la CEP doit expliquer pourquoi les autorités de surveillance étatiques ont permis au Credit Suisse pendant des années de présenter des fonds propres meilleurs qu’ils ne l’étaient (cf. fiche d’information en annexe) ? Pourquoi les autorités de surveillance et le Conseil fédéral n’ont-ils pas contraint le Credit Suisse à modifier son modèle d’affaires risqué – au besoin en recourant au droit d’urgence, comme le 19 mars 2023 ?
Ce sont les collaborateurs qui doivent maintenant payer l’addition – par les suppressions d’emplois en cours à l’UBS. Et par le fait qu’un acteur important sur le marché du travail national pour les employés de banque a disparu à jamais.
L’UBS a assuré à l’Association suisse des employés de banque qu’elle poursuivrait à l’avenir sa politique du personnel responsable et que le partenariat social qui a fait ses preuves serait maintenu avec une forte représentation du personnel au sein de l’UBS et de l’Association suisse des employés de banque.
L’Association suisse des employés de banque salue ces assurances de l’UBS et son engagement clair en faveur des valeurs suisses.
La surveillance doit être plus efficace
Il n’est pas possible de passer simplement à l’ordre du jour. L’Association suisse des employés de banque va analyser en détail le rapport de la CEP et demande des conséquences personnelles. La démission de la présidente de la FINMA, Marlene Amstad, est attendue depuis longtemps. Mais le rôle du Conseil fédéral doit également être analysé et, si nécessaire, faire l’objet de conséquences.
L’affaire Credit Suisse ne doit pas se reproduire. C’est pourquoi il faut des instruments supplémentaires :
- L’irresponsabilité des cadres supérieurs ne doit pas être récompensée. Il faut des responsabilités claires et une responsabilité personnelle pour les cadres supérieurs des banques. En outre, l’Association suisse des employés de banque propose d’envisager une norme pénale spécifique pour les cadres supérieurs des banques.
- Les instruments des autorités de surveillance doivent être adaptés doivent être adaptés aux standards anglo-saxons. Il est inacceptable que la surveillance reste largement impuissante par rapport aux États-Unis. Même les salaires et les bonus très élevés des cadres supérieurs sont toujours comparés avec ce qui se passe aux États-Unis.
- Mais le point le plus important est la mise en œuvre. Il faut des autorités qui assument leurs responsabilités, qui ne se laissent pas intimider par les top-managers et qui appliquent systématiquement les instruments à leur disposition. Les personnes doivent être au centre des préoccupations, car il s’agit toujours de milliers d’emplois.
UBS doit également agir. La banque doit continuer à montrer qu’elle incarne les valeurs suisses, qu’elle assume ses responsabilités pour la place bancaire et qu’elle collabore de manière constructive avec les politiques et les autorités de surveillance dans le cadre du renforcement de la réglementation. Le fait que les responsables de Credit Suisse ignorent ouvertement les interventions de la FINMA ne doit pas se reproduire.